Attention à la sélectivité des herbicides en blé tendre
Il faut de bonnes conditions de semis et une météo favorable après l’application des spécialités sur blé tendre pour éviter l’apparition de phytotoxicités.
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Avec le spectre de la très pluvieuse précédente campagne, les premiers semis de blé tendre ont parfois été réalisés dans de mauvaises conditions. Même si depuis, les implantations ont été faites dans de meilleures conditions, il restait encore 38 % des surfaces non semées au 4 novembre 2024 (données Céré’Obs de FranceAgriMer). Dans ces conditions, il est donc bon de rappeler les grands principes de l’emploi des herbicides à l’automne afin d’éviter des phénomènes de phytotoxicités. En effet, avec des spécialités à base de pendiméthaline notamment, mais aussi par exemple de chlortoluron, prosulfocarbe ou flufénacet, il peut y avoir un impact sur la culture.
Conditions climatiques
Ainsi, en présence des grains en surface, l’emploi d’herbicides de prélevée est déconseillé. Il est alors recommandé d’attendre que tout soit levé pour envisager un passage. Dans de meilleures conditions de semis, il faudra être vigilant aux conditions climatiques prévues juste après l’intervention. « Évitez un passage si de gros abats d’eau (20 mm d’un coup) sont attendus ou une période de froid annoncée, rappelle Ludovic Bonin, spécialiste au pôle des flores adventices chez Arvalis. Tant que l’on reste sur de petites gelées matinales, ça ne pose pas de problèmes. À partir de –5°C, c’est plus problématique. »
De plus, il y a parfois encore des erreurs d’applications sur des variétés sensibles au chlortoluron. Pour information, même si ces dernières sont notées sensibles ou pas, la tolérance est finalement assez graduelle et les dégâts parfois plus ou moins importants. « La dose de chlortoluron joue aussi, fait savoir Ludovic Bonin. En effet, il y a quelques années elle était de 2 500 g/ha. Or depuis, elle est passée à 1 800 g/ha. » À quelques exceptions près, dans les essais de l’institut, toutes les variétés sont tolérantes à la spécialité Trinity, qui comporte 500 g/ha (associé à du diflufénicanil et à de la pendiméthaline).
Par ailleurs, la stratégie de doubles passages à l’automne a tendance à augmenter ces dernières années, dans un contexte de populations résistantes ou de fortes densités d’adventices. « Potentiellement, cela a augmenté la phytotoxicité avec, dans nos essais, des impacts plus marqués dans le cadre de programmes prélevée plus postprécoce », note le spécialiste.
Toutefois, à condition d’être dans de bonnes conditions d’implantation, il n’y a souvent pas de raison de s’inquiéter car cela se résorbe par la suite. D’ailleurs, dans les essais d’Arvalis réalisés sur des parcelles exemptes d’adventices — pour mieux mesurer le seul impact de la phytotoxicité des produits — il n’y a finalement pas de différences significatives de rendements avec le témoin.
Concernant les herbicides appliqués en sortie d’hiver, Arvalis précise qu’il peut ponctuellement y avoir des problèmes liés à l’emploi d’antigraminées de printemps, en conditions de stress thermique ou hydrique. Mais là encore ces phytotoxicités, avec des tassements de cultures ou des décolorations moins marquées, demeurent souvent passagères. Malgré tout, si elles étaient importantes, cela peut-être plus impactant que celles d’automne, car à cette période il est moins facile pour le blé tendre de compenser. À noter également : blé dur et orge d’hiver sont plus sensibles. C’est aussi pour cela que moins de produits sont autorisés. Il faudra donc être d’autant plus vigilant.
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